Enquête
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Au Turkménistan, la mort d’un journaliste lève le voile sur le travail forcé dans les champs de coton
Le journaliste Khudayberdy Allashov est mort en août dernier, après avoir été persécuté une dizaine d’années durant par les autorités turkmènes. Elles lui reprochaient d’avoir osé écrire sur le travail forcé systématique dans les champs de coton du pays. Un secret de polichinelle, qui n’empêche pas certaines marques de textile européennes de se fournir encore au Turkménistan.
Employés de la compagnie nationale d’approvisionnement en eau récoltant le coton dans la région de Dashoguz, en octobre 2022 – Crédit : Turkmen.News
- Le travail forcé dans les champs de coton au Turkménistan, dénoncé par le journaliste Khudayberdy Allashov, perdure encore aujourd’hui. Censés être protégés, des enfants participent toujours à la récolte.
- Le coton issu de la traite est ensuite exporté vers des pays producteurs de textile comme la Turquie et le Pakistan, avant d’être commercialisé dans l’UE et ailleurs sous forme de produits manufacturés.
- Nous avons identifié au moins deux marques s’étant fournies en coton turkmène via ce circuit : Essenza Home et Benetton.
Par Cécile Andrzejewski
30 janvier 2024
Farruh Yusupov et Toymyrat Bugayev (Radio Azatlyk) ont contribué à cet article.
Huit longues années de persécutions. C’est le supplice qu’a enduré le journaliste turkmène Khudayberdy Allashov, décédé le 13 août dernier à l’âge de 35 ans des suites des sévices infligés par ses bourreaux des forces de sécurité du pays. Son tort ? Avoir travaillé il y a près d’une décennie, pendant à peine plus de deux mois, sous pseudonyme, pour Radio Azatlyk, le service turkmène du média américain Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE/RL).
« Il a été persécuté uniquement pour son travail avec nous », affirme Farruh Yusupov, son rédacteur en chef à Radio Azatlyk. À l’époque, le journaliste écrit notamment sur le travail forcé dans les champs de coton de son pays, le Turkménistan. Dans cet État post-soviétique d’Asie centrale, dirigé d’une main de fer par le président Serdar Berdymouhamedov, la fibre blanche est une affaire d’État : sa culture représente la deuxième source de devises du pays, après l’énergie et notamment les hydrocarbures. Une manne des plus rentables qui repose sur un système peu avouable : « le gouvernement a recours au travail forcé généralisé et systématique imposé par l’État lors de la récolte annuelle du coton », souligne la coalition d’ONG Cotton Campaign, en collaboration avec Turkmen.News et le Turkmen Initiative for Human Rights, dans son rapport sur la récolte de coton 2023, publié en mai 2024. La pratique bénéficie aussi de « la fragmentation de la chaîne d’approvisionnement » du coton, selon Raluca Dumitrescu, coordinatrice de Cotton Campaign. « Il y a une course vers le bas, avec des marques qui veulent les prix les moins chers. C’est un effet domino. » Sans le travail forcé, « inévitablement les produits n’auraient pas le même prix ».
Le journaliste Khudayberdy Allashov laisse derrière lui une épouse et deux enfants. – Crédit : Radio Free Europe / Radio Liberty
En recueillant la parole de Turkmènes enrôlés de force dans les champs de coton, Khudayberdy Allashov a levé une partie du voile sur les conditions inhumaines de cette récolte. Forbidden Stories et Radio Azatlyk, son ancien employeur, ont décidé de poursuivre le travail du journaliste sur ce sujet tabou au Turkménistan. Pour des raisons de sécurité, sa famille n’a pas pu être contactée. Le gouvernement turkmène n’a pas répondu à nos sollicitations.
« Soit tu récoltes le coton, soit tu perds ton emploi »
Khudarberdy Allashov est mort des suites d’un problème au foie, que les autorités ont imputé à son prétendu alcoolisme. Selon certaines sources, ce sont plutôt les coups reçus lors des multiples séances de torture et l’impossibilité d’être soigné qui sont à l’origine de son décès. Arrêté une première fois fin 2016, il avait publié un premier article en novembre de la même année sur la récolte de coton dans la région de Dashoguz, au nord du pays.
Il citait un enseignant forcé d’y participer. « Là où il reste du coton et où il peut être récolté, c’est là qu’ils nous emmènent, raconte le professeur. Il n’y a pas d’autre issue. Soit tu dois récolter le coton, soit tu perds ton emploi… ».
L’article va déclencher la fureur des autorités. Peu après, le journaliste et sa mère sont arrêtés. La police cherche à mettre la main sur son ordinateur et à retrouver son contact au sein de Radio Azatlyk, en vain. Khudayberdy Allashov passera deux mois et demi en prison, torturé à coups de décharges électriques et régulièrement passé à tabac.
« Même la retranscription factuelle d’une situation insatisfaisante est vue comme une offense personnelle à l’encontre du Président. Il n’y a pas pire pays dans l’espace post-soviétique. »
À sa sortie, aucun hôpital n’accepte de le soigner. Le journaliste a beau cesser son travail, son calvaire, lui, continuera jusqu’à sa mort. En 2019, 2020, 2022 et 2023, il est à nouveau détenu et torturé durant les interrogatoires par les policiers de la même unité du district de Konye-Urgench, dans le nord du pays.
« À chaque fois, c’est parce que nous faisions état à la radio d’événements s’étant déroulés dans sa région de Dashoguz, précise Farruh Yusupov, le rédacteur en chef de Radio Azatlyk. Bien sûr, nous avons diminué le nombre de sujets en provenance de cette zone, pour le bien de Khudayberdy. Mais nous ne pouvions pas non plus faire totalement l’impasse sur une région à cause des intimidations. Nous avons continué avec d’autres reporters sous couverture. Mais les autorités soupçonnaient toujours Khudayberdy d’en être la source ou de savoir qui elle était. Ce qui n’était pas le cas. »
Des articles sur les accidents de la route, les inondations ou le nettoyage de la ville avant une visite présidentielle, qui pourraient paraître anodins n’était « l’extrême dangerosité de la dictature turkmène », comme le décrit le chercheur Michaël Levystone, auteur de l’ouvrage « Asie centrale : le réveil ». « Même la retranscription factuelle d’une situation insatisfaisante est vue comme une offense personnelle à l’encontre du Président, détaille le chercheur. Il n’y a pas pire pays dans l’espace post-soviétique. »
Capture d’écran de l’article de Khudaybery Allashov sur le travail forcé durant la récolte de coton.
Le coton, une ressource stratégique pour le régime d’Achgabat
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L’Organisation internationale du travail (OIT) a pu se rendre dans les champs de coton turkmènes. En 2023, une mission d’observation indépendante a recueilli « des preuves directes ou indirectes d’une mobilisation généralisée des fonctionnaires pour la récolte ».
D’après nos informations, Achgabat a refusé que ce rapport soit rendu public. Depuis, d’autres missions ont eu lieu. Les observateurs ont pu se déplacer à leur guise, avec leurs propres traducteurs. « L’observation de l’OIT en 2023 était la première du genre au Turkménistan et les résultats ont contribué à la conception de la coopération OIT-Turkménistan actuellement en cours de mise en œuvre, précise Miranda Fajerman, spécialiste du droit du travail au sein de l’organisation. Un des aspects cruciaux du travail de l’OIT au Turkménistan est l’observation des conditions de recrutement et de travail pendant la récolte du coton. »
Au cours de notre enquête nous avons pourtant appris que des travailleurs forcés auraient été séquestrés afin de les empêcher de rencontrer les inspecteurs. « Toute préoccupation soulevée pendant l’observation est discutée directement avec le gouvernement », avance Miranda Fajerman.
« Des écoliers sont obligés de cueillir du coton après l'école, l'après-midi. Des enfants de 6 à 8 ans vont aider leur mère et livrent le coton qu’elles ont collecté. »
Rien ne semble avoir changé depuis les articles de Khudayberdy Allashov. Qu’ils soient soldats, fonctionnaires ou enseignants : d’août à décembre, l’État turkmène enrôle ses citoyens de force pour ramasser le coton sous la surveillance de policiers. Aucun équipement n’est fourni.
Un travailleur anonyme raconte à notre partenaire RFE/RL : « Le matin, [les cueilleurs] s’entassent dans la rue pour êtres récupérés par le camion. A 8h00, ils se rendent dans les champs et commencent la récolte du coton. Ils font une pause d’une heure à midi. Après la pause, ils sèchent à nouveau le coton jusqu’à 18h00, avant de le peser. Après l’école, les élèves filent également du coton. »
Vidéo filmée pendant la récolte 2024 du coton, montrant des enfants travaillant dans les champs.
Officiellement, les mineurs n’ont plus le droit d’aller dans les champs, en vertu d’une ordonnance du ministre du travail et de la protection sociale délivrée en juillet 2024. Dans les faits, il semblerait qu’ils soient toujours astreints à la corvée de coton. En attestent plusieurs témoignages et une vidéo d’octobre 2024 que nous nous sommes procurés : « des élèves âgés de 12 à 17 ans », des « écoliers obligés de cueillir du coton après l’école, l’après-midi » et « aussi des enfants de 6 à 8 ans qui vont aider leur mère et qui livrent le coton qu’elles ont collecté ».
Ces conditions de travail sont régulièrement dénoncées par les ONG – Cotton Campaign en tête. Seuls les États-Unis ont interdit depuis 2018 l’importation de tous les produits fabriqués en totalité ou en partie avec du coton turkmène.
Le Conseil de l’Union européenne vient seulement d’adopter, en novembre 2024, un règlement visant à interdire les produits issus du travail forcé « à n’importe quel stade de la production, de la fabrication, de la récolte ou de l’extraction de ces produits » au sein du marché unique. Les États membres ont désormais trois ans pour appliquer la législation. Quant à celle sur le devoir de vigilance des entreprises, adoptée l’an dernier par le Parlement européen et obligeant les multinationales à respecter les droits sociaux et environnementaux, la France demande aujourd’hui sa suspension et l’Allemagne sa révision.
La Turquie, porte d’entrée du coton turkmène vers l’Europe
En attendant, malgré tous les engagements sociaux et environnementaux des entreprises textiles, le coton récolté au Turkménistan a encore de fortes chances de se retrouver dans les magasins européens. Pour une raison très simple : dans son écrasante majorité, il est transformé en Turquie.
Carte réalisée par Cotton Campaign montrant, en valeur, les produits de coton importés du Turkménistan en 2022. – Crédit : Cotton Campaign
Entre 2021 et 2023, 78,5 % des importations déclarées de coton turkmène l’ont été par des entreprises turques, selon les chiffres disponibles sur la plateforme de données des Nations unies sur le commerce mondial. Or, comme le rappelle Cotton Campaign, la Turquie constitue le « troisième fournisseur de textiles de l’UE, [donc] les marques vendant au détail dans l’UE risquent tout particulièrement d’utiliser du coton turkmène dans leurs produits ». C’est précisément la filière choisie par deux entreprises croisées au cours de cette enquête.
La première est une entreprise néerlandaise, Essenza Home. Elle vend du linge de maison et des pyjamas. Ses housses de couette s’achètent pour une centaine d’euros. Sur son site, la société affiche son engagement : « Un sommeil réparateur n’est possible que si nous produisons de manière durable, en tenant compte des personnes et de l’environnement. » Elle a même signé en 2016 l’Accord néerlandais sur l’habillement et le textile durables, qui se concentre, entre autres, sur la lutte contre le travail des enfants ou les bas salaires.
Pourtant, jusqu’à récemment, sur le site de la marque, la liste des fournisseurs disponible mentionne Dasoguz Textile – qui n’a pas répondu à nos questions – , une entreprise basée à Dashoguz, région d’où était originaire Khudayberdy Allashov. « C’est une vieille liste, qui date d’il y a au moins quatre ans. Ce n’était pas un fournisseur direct, mais un fournisseur indirect », se défend Floor Smits, responsable d’Essenza Home, rencontrée lors du salon Heimtextil de Francfort, en Allemagne, en janvier 2025.
Mais sur le site Open Supply Hub (une base de données centralisant des informations sur la chaîne d’approvisionnement de l’industrie de l’habillement, utilisée et alimentée par les acteurs du secteur, NDLR), le nom de Dasoguz Textile apparaît toujours sur la liste des fournisseurs d’Essenza Home pour leurs articles vestimentaires, de juin 2021 à juin 2022.
« Suite à une enquête interne, nous pouvons confirmer qu’Essenza Home ne s’approvisionne plus auprès de Dasoguz Textile depuis 2021. Dans notre liste de sites de production à partir de 2022, Dasoguz Textile n’apparaît plus, précise Floor Smits recontactée par la suite. Nous connaissons les conditions de travail au Turkménistan, qui sont très préoccupantes, ainsi que l’histoire tragique de Khudayberdy Allashov. Nous nous opposons strictement à l’utilisation du travail forcé à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement. » Elle ajoute que la marque « s’engage pleinement à faire des progrès continus » et « veille au respect de ces normes par le biais d’audits externes des usines ». D’après la responsable, Dasoguz Textile était « un sous-traitant de notre fournisseur Evliyaoglu Textile Industry&Trade Inc., mais ils nous ont confirmé avoir cessé de travailler ensemble à partir de 2021 ».
Lors du même salon du textile en Allemagne, une représentante du fournisseur turc Evliyaoglu Tekstil confirme effectivement se fournir en coton brut au Turkménistan, mais assure « ne pas être au courant » du travail forcé lors de sa récolte – interrogée ensuite par mail, l’entreprise n’a pas donné suite.
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En s’approvisionnant au Turkménistan, Benetton file un mauvais coton
La deuxième entreprise européenne est bien plus connue : il s’agit de Benetton. De 2021 à au moins janvier 2023, la firme italienne s’est elle aussi approvisionnée au Turkménistan, auprès de Turkmenbashi Turkmenbashi Jeans Complex, par l’intermédiaire Akkus Tekstil, une entreprise turque. Akkus Tekstil n’a pas répondu à nos questions, tout comme Turkmenbashi Jeans Complex qui nous a expliqué pouvoir « travailler avec nous » uniquement « si nous étions clients ».
En janvier 2024, Akkus Textile apparaît toujours dans la liste des fournisseurs de Benetton, mais n’indique plus d’où vient son matériau. Elle ne mentionne désormais que ses propres adresses en Turquie comme références. Une disparition soudaine qui interroge. En mars 2023, la coalition Cotton Campaign avait contacté Benetton pour comprendre la présence de ce coton turkmène dans sa chaîne d’approvisionnement. Contactée, la marque se contente de nous répondre que « Benetton a introduit une interdiction formelle de l’utilisation du coton provenant du Turkménistan en 2023. Depuis lors, nous avons demandé à tous nos fournisseurs de se conformer à cette exigence. » L’entreprise ajoute « reconnaître que le respect de ces interdictions pose des défis importants en raison de la complexité inhérente à la chaîne d’approvisionnement mondiale du coton ».
Pour les marques, la Turquie n’est pas le seul moyen d’accéder au coton turkmène. Des fournisseurs pakistanais s’approvisionnent également au Turkménistan, d’après des données commerciales que nous nous sommes procurées. Parmi elles figure Liberty Mills. Selon nos documents, la société située à Karachi a importé pour au moins 14 millions de dollars de flanelle, tissu et fil de coton turkmène entre mai 2021 et août 2024. L’entreprise n’a pas répondu à nos questions.
Présents au salon de Francfort, ses représentants confirment notamment travailler avec H&M et nous présentent même la responsable des relations avec la marque, Shumaila Iqbal. « Nous n’utilisons pas de coton en provenance du Turkménistan, affirme-t-elle. C’est interdit à cause du travail forcé. Nos clients nous ont dit de ne pas en acheter, cela doit faire plus de 10 ans. »
Face aux listes de marchandises importées que nous lui montrons, elle se ferme subitement et souffle « ne pas savoir », sans pour autant démentir. « C’est très surprenant pour nous », se contente-t-elle d’ajouter froidement.
De son côté, H&M affirme que tous les fournisseurs directs de la marque « doivent signer [leur] engagement à ne pas s’approvisionner en coton pour les produits H&M au Turkménistan, où le risque de travail forcé systémique est très élevé. Liberty Mills Limited a signé cet engagement en 2021. Ce fournisseur s’approvisionne en coton recyclé et certifié Better Cotton pour notre production. » Face à nos chiffres, la marque assure : « D’après les données dont nous disposons, nous n’avons aucune raison de penser qu’il y a eu violation de [cet] engagement (…). Grâce aux différents certificats de transaction et aux références, nous savons quel type de coton a été acheté pour nous, qui ne peut être que du coton biologique, recyclé ou d’une autre source durable. (…) À notre connaissance, [notre fournisseur] n’utilise pour nos produits que des matières provenant du Pakistan, des États-Unis, de l’Argentine et de l’Australie ».
Le stand de la marque Purecot Linen Textile, vendant fièrement des produits « Made in Turkmenistan ». – Crédit : Forbidden Stories
Plus loin au même salon Heimtextil de Francfort, le stand de la marque Purecot Linen Textile, fournisseur de fils de coton et de tissus, affiche fièrement ses produits « Made in Turkmenistan », petits drapeaux du pays et portrait du président Berdymouhamedov en prime. Devant les bobines, les tissus et les peignoirs, un des représentants turkménophone de l’entreprise – dont l’adresse officielle est aux Émirats arabes unis – se vante d’un coton qui « ne boit que de l’eau naturelle, pas de produits chimiques ».
Interrogé sur les conditions de sa récolte et l’utilisation d’une main d’œuvre forcée, y compris de mineurs, il coupe court. « Je ne vous crois pas ». D’après lui, les accusations de travail forcé à l’encontre du Turkménistan sont « des informations erronées », propagées par « des sites payés pour ça, des sites qui ne nous aiment pas ».
Le drapeau turkmène sur une table du stand de la marque Purecot Linen Textile. Crédit : Forbidden Stories
Avant de mettre un terme à l’échange, il s’adresse à ses collègues en turkmène, nous qualifiant de « fauteuse de troubles », avant d’enchaîner les remarques sexistes à notre égard.
Près de dix ans après les premières révélations de Khudayberdy Allashov et malgré les timides annonces de moralisation des chaînes d’approvisionnement de l’industrie textile, le coton turkmène issu du travail forcé continue d’inonder les rayons des magasins du Vieux continent.
Ci-dessous, les réponses que nous avons reçues à nos questions, dans leur intégralité :
Organisation internationale du travail
Essenza Home
Benetton
H&M