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« Il nous tire dessus ! » : une équipe d’Al Araby TV visée par les forces israéliennes en Cisjordanie
Le 4 mai 2024, deux journalistes d’Al Araby TV qui couvraient un raid de l’armée israélienne en Cisjordanie sont visés par des tirs. Ils évitent de peu un premier coup de feu, avant que deux balles n’atteignent leur caméra. Forbidden Stories et ses partenaires ont remonté le fil de cette matinée, reconstruit la trajectoire du premier tir qui a touché la caméra, et déterminé qu’il provenait de véhicules des forces israéliennes stationnées à une soixantaine de mètres.
(Visuel : Mélody Da Fonseca)
- Deux impacts de balles et des fragments de munitions retrouvés dans la caméra de l’équipe d’Al Araby TV indiquent que celle-ci a été touchée à deux reprises, par deux projectiles distincts.
- Selon une analyse balistique et sonore réalisée par Rob Maher et l'agence de recherche audio Earshot, l’origine du premier tir qui a touché la caméra se situait à une soixantaine de mètres des journalistes. Leur récit, ainsi que des images vidéo prises ce matin-là révèlent qu’au moins trois véhicules des forces israéliennes se trouvaient exactement à cette distance.
- Forbidden Stories et ses partenaires ont épluché plus de 60 vidéos des événements de la journée, dont des images exclusives, et recueilli les témoignages de huit personnes. Le consortium n’a décelé aucun échange de coups de feu sur le lieu où se trouvaient les journalistes avant d’avoir été pris pour cible.
Par Sofía Álvarez Jurado et Youssr Youssef (FS)
25 juin 2024
Avec Firas Taweel, Hoda Osman (ARIJ), Walid Batrawi, Mariana Abreu (FS)
« Depuis, j’ai toujours l’impression que je vais être tué. » Ameed Shehade se souvient encore du sifflement des balles qui rase ses tempes.
Alors qu’ils se trouvaient sur une colline de Deir al-Ghusun pour couvrir une opération des forces israéliennes dans la ville palestinienne de Tulkarem située en contrebas, le correspondant d’Al Araby TV et son cameraman, Rabi Al-Munayer, ont soudain été visés par des tirs. Ils étaient pourtant clairement identifiables en tant que journalistes : munis de gilets et de casques siglés « Press », et équipés d’un trépied, d’une caméra et d’un micro. Mais cela n’a pas suffi à les protéger.
Les deux hommes ont reçu au moins trois balles dans leur direction. Deux d’entre elles ont touché leur caméra. Selon Ameed Shehade, celle-ci se trouvait à une cinquantaine de centimètres de lui et à moins de trente centimètres de Rabi Al-Munayer.
Lors d’une interview avec le consortium, Ameed Shehade perd l’assurance avec laquelle il s’exprime habituellement à l’antenne : « Ce qu’ils nous envoient là, c’est un message. » Il raconte l’incident en homme averti : cela fait 14 ans qu’il exerce ce métier en Cisjordanie.
« Surtout, enregistrez bien ce que je dis, au cas où il se passerait quelque chose de grave », continue-t-il. « Pour nous, les journalistes qui travaillent en Cisjordanie, on a plus que jamais l’impression que nous pourrions partir sur le terrain et ne jamais revenir. »
Aux premières heures de ce samedi 4 mai 2024, Ameed Shehade et Rabi Al-Munayer rejoignent Deir al-Ghusun, au nord-est de la ville de Tulkarem (Cisjordanie), pour couvrir un raid qui dure déjà depuis 12 heures. D’après le porte-parole de la police israélienne, l’opération a impliqué des forces antiterroristes de la police israélienne, l’armée israélienne et le Shin Bet.
Les forces israéliennes ont entrepris de raser au bulldozer une maison à deux étages censée appartenir à des membres du Hamas – qualifié de mouvement terroriste par les États-Unis, l’Union européenne ou Israël notamment. Selon le ministère palestinien de la Santé et les forces israéliennes, cinq Palestiniens ont été tués durant la nuit – dont quatre, confirme le Hamas, qui faisaient partie de sa branche armée, les brigades al-Qassam.
Selon six journalistes présents sur le terrain ce jour-là interrogés par Forbidden Stories et ses partenaires, Ameed Shehadeh et Rabi Al-Munayer étaient à bonne distance des affrontements concentrés autour de la maison assiégée, soit à environ 290 mètres de là. Dans le voisinage immédiat des journalistes, il n’y avait aucune activité militaire, agitation ni même jet de pierres.
Après être arrivés sur les lieux en début de matinée, les deux journalistes s’installent au sommet d’une colline de Deir al-Ghusun. La hauteur leur permettant de bénéficier d’une meilleure visibilité pour effectuer leurs prises de vues, expliquent-ils au consortium.
Selon Ameed Shehade, les soldats israéliens avaient parfaitement conscience de leurs statuts de journalistes : ils étaient vêtus de gilets de protection estampillés « Press », ils n’ont pas bougé entre leur arrivée, aux alentours de 8 heures du matin, et le moment où ils ont essuyé les tirs, à 10 h 30. Forbidden Stories a pu extraire les métadonnées d’une image prise à 9 h 28, sur laquelle les deux journalistes se trouvent toujours au même endroit, confirmant ainsi qu’ils étaient tous les deux vêtus de gilets marqués « Press ».
Ameed Shehadeh et Rabi Al-Munayer (Al Araby TV) en plein travail au sommet d’une colline à Deir al-Ghusun, une heure avant les tirs. (Crédit : Rabi Al-Munayer/Al Araby TV).
Au moins trois tirs et deux impacts de balle
D’après les images et les renseignements en sources ouvertes collectés par Forbidden Stories, au moins trois véhicules de l’armée israélienne étaient positionnés à une soixantaine de mètres devant les journalistes. Sur les images satellites, on distingue une colline bordée d’herbes sèches et de palmiers qui les sépare des soldats israéliens. Aucun bâtiment : la visibilité est totale. À ce moment-là, souligne Ameed Shehade, ils sont les seuls journalistes postés à cet endroit particulier de la colline.
Forbidden Stories a visionné la retransmission en direct d’Al Araby de ce jour-là, à partir de 8h20 jusqu’à l’annonce retardée de l’accident vers 10h43. Le flux de la caméra de Shehade et Al-Munayer apparaît à l’écran pendant au moins 1 heure et 50 minutes, sans aucune perturbation signalée autour d’eux durant toute la diffusion. De plus, pendant cette période, les trois véhicules militaires sont visibles au même endroit à chaque fois que les images tournées par Al-Munayer se concentrent sur cette zone.
Dans un extrait de cette émission posté en ligne par Al Araby plus tôt ce matin-là, la présentatrice demande à Ameed Shehade : « La situation présente-t-elle des risques d’escalade dans les prochaines heures ? » Ce à quoi le journaliste répond : « Les heurts concernent exclusivement la maison ciblée (…). Il n’y a aucun signe d’agitation dans les bâtiments alentour, ni même dans les quartiers voisins. »
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Mais à 10 h 30 environ ils évitent une première balle, suivie par au moins deux autres.
La caméra, qui tournait pendant l’attaque, a enregistré leur conversation et le son des projectiles atteignant le matériel. La première balle aurait sectionné le câble de l’appareil, interrompant ainsi le signal du direct. La seconde aurait touché la caméra. Forbidden Stories a pu visionner cette vidéo de 34 secondes, tournée au moment où les balles atteignent leur cible.
Au début de l’extrait, on entend un coup de feu, à la suite duquel la caméra bouge légèrement. Ameed Shehade explique qu’ils ont bousculé le trépied en essayant de se mettre à l’abri, ce qui explique le mouvement visible sur les images. Un deuxième coup de feu se fait entendre vers la fin, puis l’enregistrement cesse brusquement.
Les journalistes ne repèrent pas tout de suite l’origine des coups de feu. Ameed Shehade pense d’abord que ce sont des soldats à côté de la maison prise d’assaut qui les ont visés. « Regarde, il nous tire dessus ! », l’entend-on lancer à son caméraman dans la vidéo, lui enjoignant de braquer l’objectif sur la jeep située à cet endroit. Mais une fois le choc initial passé, ils comprennent que les tirs venaient des véhicules militaires qui stationnaient depuis des heures à une soixantaine de mètres d’eux, d’où la vue était totalement dégagée.
Transcription de la vidéo de 34 secondes enregistrée par la caméra d’Al Araby TV le 4 mai, pendant les tirs (Crédit : réalisation en interne).
Une analyse indépendante menée par l’agence de recherche audio Earshot révèle que lorsqu’une arme de calibre intermédiaire est tirée en direction d’un appareil d’enregistrement, deux sons distincts sont généralement enregistrés : l’onde de choc supersonique de la balle et une détonation à la bouche. Selon eux, ces deux sons étaient audibles dans cette vidéo de 34 secondes fournie par Al Araby TV, avec un intervalle suffisamment long entre les sons pour indiquer que le dispositif d’enregistrement était dans la ligne de mire du tireur.
L’analyse d’Earshot suggère que, pour le deuxième coup de feu (le premier qui aurait touché la caméra), un tireur utilisant des munitions standard des forces israéliennes était situé à une distance d’environ 62 mètres– une distance qui correspond à celle qui sépare les journalistes de trois véhicules appartenant aux forces israéliennes, que des témoins oculaires et des vidéos de ce matin-là ont permis de localiser.
Le spécialiste en analyse audio Rob Maher, précisant que ses commentaires étaient donnés à titre personnel, a également examiné les sons des deux coups de feu. « Si les sons identifiés sont effectivement la combinaison d’une onde de choc et d’une détonation à la bouche » alors ils correspondraient effectivement à une distance de 62,1 mètres entre le tireur et la caméra pour le second coup de feu.
Le consortium n’a pas pu déterminer l’origine exacte du premier coup de feu, mais les deux experts sont d’accord pour dire qu’il a été tiré d’un endroit différent et plus proche que ce second tir.
Une expertise du matériel de prise de vue menée par le consortium a confirmé les impacts de deux balles : l’une a atteint la caméra par l’avant et s’est logée de biais à l’intérieur, tandis que l’autre a pénétré l’appareil du côté droit, également de biais, avant de ressortir par l’arrière.
Sous couvert d’anonymat, un expert en armes interrogé par Forbidden Stories indique qu’étant donné la distance entre les soldats et les journalistes, couplé aux lieux d’entrée et de sortie ainsi que des fragments de balles à l’intérieur de la caméra, la possibilité qu’il s’agisse de balles perdues est « hautement improbable ».
« Aujourd’hui, en Cisjordanie, les soldats vont et viennent, [et] quand ils voient des Palestiniens, ils voient des ennemis. Ils ne voient pas des journalistes, ils voient des cibles »
Dans une réponse adressée au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) le 7 mai dernier sur cette même affaire, le bureau nord-américain de l’armée israélienne a soutenu qu’« il n’y a eu, à aucun moment, de tirs délibérés de la part de l’IDF [Israel Defense Forces, l’armée israélienne, NDLR] en direction des journalistes. » Selon eux, les forces israéliennes présentes dans la zone ont tiré en réponse à des tirs provenant de « terroristes. » Lorsque Forbidden Stories leur a présenté les résultats de cette enquête moins de deux mois plus tard, l’armée israélienne a refusé de commenter et a demandé au consortium de se référer à la police israélienne qui, selon elle, a mené l’opération. La police israélienne n’a pas répondu à nos questions spécifiques, mais a déclaré « prendre au sérieux toutes les allégations de blessures infligées à des journalistes » et a demandé à Forbidden Stories de se référer au « porte-parole de l’IDF » pour les « questions concernant les juridictions ou des activités militaires spécifiques ».
Pour l’armée israélienne, « les Palestiniens sont un danger »
Depuis les attaques terroristes du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, et le début de la guerre sur Gaza, plusieurs journalistes couvrant la Cisjordanie occupée ont fait état des risques accrus dans l’exercice de leur activité, témoignant d’une augmentation de la violence envers la profession sur l’ensemble du territoire palestinien.
L’ex-soldat israélien Joel Carmel, aujourd’hui membre de Breaking the Silence (BTS), une ONG israélienne fondée en 2004 par des vétérans de l’armée pour leur permettre de raconter en toute confidentialité leur expérience dans les territoires palestiniens occupés, explique à Forbidden Stories que les règles d’engagement, qui régissent l’action des forces armées, se sont considérablement assouplies ces dernières années, et cela est devenu plus visible encore depuis le 7 octobre.
« En fin de compte, si un soldat sait qu’il peut toujours justifier d’avoir tiré [sur des civils] en disant qu’il se sentait menacé, c’est ce qui arrive, pas vrai ? », déclare Joel Carmel. « C’est tout ce qu’il a à dire ; il n’a pas besoin de le prouver. Et ce sentiment de menace, les soldats le ressentent partout, en permanence (…). C’est ce que l’entraînement qu’ils suivent à l’armée leur insuffle : que les Palestiniens sont un danger. »
« Aujourd’hui, en Cisjordanie, les soldats vont et viennent, [et] quand ils voient des Palestiniens, ils voient des ennemis. Ils ne voient pas des journalistes, ils voient des cibles », ajoute-t-il.
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L’armée israélienne a déclaré au consortium que « les règles d’engagement sont conformes à la loi israélienne et au droit international » et a ajouté qu’« en raison de leur caractère classifié, elles ne peuvent pas être divulguées. »
Dans une vidéo tournée par le journaliste Issam Rimawi un quart d’heure environ après l’incident, et qui a circulé sur les réseaux sociaux, on entend Ameed Shehade et Rabi Al-Munayer être félicités par leurs confrères pour avoir échappé une seconde fois à la mort.
En juillet 2023 déjà, les deux journalistes avaient été pris pour cible alors qu’ils couvraient une opération de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine.
Comme l’a montré Ameed Shehade lui-même, mais aussi d’autres médias internationaux [voir 1, 2, 3], des tirs provenant d’une jeep militaire ont visé leur matériel à plusieurs reprises. Dans une vidéo diffusée par The New Arab filmée au moment de l’incident, on entend des coups de feu, la caméra vacille et l’on peut voir le transmetteur prendre feu.
L’armée israélienne a communiqué au consortium que le 3 juillet 2023 marquait le début d’une « opération de l’IDF [Israel Defense Forces, l’armée israélienne, NDLR] et de la police aux frontières d’Israël dans le camp de Jénine », au cours de laquelle « il y a eu de violents échanges de tirs avec des terroristes ». De plus, elle a ajouté que « l’IDF n’a aucune intention de nuire à des civils, y compris des journalistes ».
L’incident revêt une importance particulière, puisque c’est également à Jénine, le 11 mai 2022, que la célèbre journaliste Shireen Abu Akleh a été abattue par des snipers de l’armée israélienne [voir 1, 2].
« J’ai perdu [l’espoir d’obtenir] justice après la mort de notre collègue Shireen [Abu Akleh]. (…) Le monde entier était avec elle, parlait d’elle. Il n’y avait pas de 7 octobre, il n’y avait rien. Et pour quel résultat ? », confie au consortium son collègue, Issam Rimawi, journaliste depuis 16 ans en Cisjordanie. Le meurtre de Shireen Abu Akleh reste à ce jour impuni.
En Cisjordanie, « ils craignent les caméras »
Les témoignages de six journalistes, ainsi que des photographies et des images vidéo rassemblées par Forbidden Stories et ses partenaires confirment qu’au moins 14 journalistes, parmi lesquels Ameed Shehade et Rabi Al-Munayer, étaient présents à Deir al-Ghusun le matin du 4 mai 2024 pour couvrir le raid de l’armée israélienne. Certains ne se trouvaient pas très loin de l’endroit où le binôme s’est fait tirer dessus.
Bien qu’aucun n’ait assisté à l’incident, la plupart d’entre eux ont immédiatement compris ce qu’il s’était passé. Un témoin qui a requis l’anonymat déclare qu’elle a vu l’équipe à terre et qui tentait de se protéger, quelques minutes après les coups de feu.
« Ils ne veulent pas que le monde voit leurs crimes. C’est pour cette raison qu’ils visent directement l’objectif ou les yeux du journaliste, même s’il porte un gilet presse. »
Khaled Bdair, correspondant pour Al-Ghad TV, et le journaliste Wafa Awad (Wafa News Agency) se trouvaient à un autre endroit de la colline où filmaient Ameed Shehade et Rabi Al-Munayer. Lorsque les soldats israéliens ont commencé à tirer, ils ont cru que c’était eux qui étaient pris pour cible, avant de comprendre que les balles avaient touché le matériel d’Al Araby TV. Dans cette vidéo, Khaled Bdair, visiblement affecté, rend compte pour Al Ghad TV des dégâts provoqués par les tirs. Le correspondant d’Al Jazeera a, lui aussi, informé son audience que l’armée israélienne avait fait feu sur des journalistes.
Des journalistes sur un toit à Deir al-Ghusun, le matin du 4 mai. (Crédit : Issam Rimawi / journaliste indépendant).
« Si les soldats nous avaient dit que nous nous trouvions dans une zone militaire, nous aurions réagi et nous serions partis. Mais nous étions dans un coin relativement éloigné de l’armée. Il n’y a eu aucune [alerte] à propos d’un quelconque danger », indique Khaled Bdair.
« Ils [l’armée israélienne, NDLR] craignent les caméras. C’est pour ça qu’ils ciblent les journalistes, parce qu’ils ne veulent pas que le monde voit leurs crimes », assène Issam Rimawi lorsqu’il commente l’incident pour Forbidden Stories. « C’est pour cette raison qu’ils visent directement l’objectif ou les yeux du journaliste, même s’il porte un gilet presse… Depuis le 7 octobre, ils n’ont plus de ligne rouge. »
Quelques minutes avant les tirs contre l’équipe d’Al Araby, les forces israéliennes ont également lancé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes à un groupe d’environ 10 journalistes – dont faisait partie Issam Rimawi –, eux aussi en reportage et clairement identifiés par des gilets marqués « Press ».
Des journalistes se remettent de l’attaque aux gaz lacrymogènes et aux explosions sonores menée par les forces israéliennes le matin du 4 mai à Deir al-Ghusun (source : montage avec des images de Raghad Salameh et d’autres journalistes présents).
Dans un climat de violence accrue envers les journalistes, ce deuxième incident provoqué par l’armée israélienne, moins d’un an après les raids de juillet 2023 dans le camp de Jénine, a porté un coup au moral d’Ameed Shehade. « J’y pense tous les jours. Pourquoi nous ont-ils fait ça une deuxième fois ? »
Depuis ce jour-là, dit-il à Forbidden Stories, il confie souvent à son caméraman sa peur d’être tué sur le terrain. « Si nous devions être tués par l’armée israélienne, nous avons répété à plusieurs reprises que nous étions ciblés et que nous ne nous sentions pas en sécurité », s’est-il confié.
En dépit de leurs inquiétudes, Ameed Shehade et Rabi Al-Munayer continuent d’aller tous les jours sur le terrain, portant leurs gilets « Press » sur le dos et caméra au poing, pour couvrir ce qu’il se passe en Cisjordanie, et le révéler au monde entier.