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"Mining Secrets": Quand l'union fait la force
65 journalistes de 20 médias poursuivent avec Forbidden Stories des enquêtes sur des scandales environnementaux au Guatemala.
Par Laurent Richard
Il y a 3 ans, nous avions poursuivi le travail de journalistes menacés ou assassinés pour avoir enquêté sur des crimes environnementaux en Inde, en Tanzanie et au Guatemala.
Le projet «Green Blood», coordonné par Forbidden Stories avec l’aide de 40 journalistes du monde entier révélait les scandales environnementaux causés par des entreprises minières. Des sujets sur lesquels il est de plus en plus dangereux d’enquêter quand on est journaliste.
Au Guatemala, Carlos Choc, l’un des journalistes de Prensa Comunitaria s’est vu forcé de vivre dans la clandestinité, tant il était harcelé par les autorités du Guatemala et dans le viseur d’une puissante société minière. Les ennuis de Carlos Choc ayant commencé le jour où il photographia un pêcheur mort sous les balles de la police alors qu’il participait à une manifestation contre la mine, accusée par les communautés locales de polluer le lac Izabal.
Au printemps dernier, Forbidden Stories a reçu d’un collectif de hackers se faisant appeler «Guacamaya Roja» – du nom d’une espèce de perroquet présente au Guatemala – des centaines de milliers de documents. Ils proviennent de la société minière locale opérée par des Russes et propriété du groupe Solway, dont le siège en Suisse. On y découvre comment les journalistes qui s’intéressent à eux sont systématiquement fichés, surveillés, voire pris en filature par les services de sécurité de la mine, quand ce n’est pas un drone qui est lancé au-dessus d’eux pour les traquer.
Cette fuite de données nous montre aussi les efforts déployés pour ne pas être mis en cause, malgré les abus contre la presse et les risques pour l’environnement. «Mining Secrets» révèle des analyses scientifiques internes accablantes, des amitiés achetées à coup de généreuses donations. Pire, on y lit aussi les stratégies de la mine pour déplacer des dizaines de familles envisageant de propager sur elles les pires rumeurs afin de pouvoir extraire le précieux ferronickel.
A l’heure où le réchauffement climatique nous impose de repenser d’urgence nos modes de vies et de de mettre fin à des pratiques industrielles létales pour notre environnement, les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier librement. Il est vital pour nos démocraties qu’un contre-pouvoir comme la presse puisse enquêter et rapporter l’existence de scandales environnementaux.
Et s’ils sont empêchés, alors Forbidden Stories déploiera de nouveau son réseau mondial de journalistes pour poursuivre leurs enquêtes.