Gaza Project

« Si je vous revois, je vous tue » : plongée au coeur de la violence des colons israéliens en Cisjordanie

Bien qu’illégales selon le droit international, les colonies israéliennes en Cisjordanie s’étendent inexorablement. Un phénomène qui s’accompagne souvent de violences à l’encontre des communautés locales ainsi qu’envers les journalistes qui couvrent cette expansion. Une violence débridée depuis le début de la guerre à Gaza, qui s’exprime parfois avec le soutien de l’armée israélienne, et exacerbe le sentiment d’impunité des colons.

(Visuel : Mélody Da Fonseca)

Points clés
  • Selon des journalistes de Cisjordanie, il devient de plus en plus difficile d’accéder à certaines zones en raison des attaques de l’armée israélienne et de colons, des checkpoints et des menaces auxquelles ils sont chaque jour confrontés.
  • Dans le hameau de Wadi al-Siq, la communauté bédouine a été expulsée de force en octobre 2023. Depuis, les colons ont construit de nouvelles infrastructures dans la région, en toute illégalité.
  • Des colons israéliens font la promotion de l’expansion illégale sur les réseaux sociaux, publient des offres de locations sur Airbnb et affirment avoir reçu du matériel envoyé par des sheriffs (la police locale, NDLR) de l’État de Virginie aux États-Unis.

Par Phineas Rueckert & Youssr Youssef (FS)

25 juin 2024

Avec Oren Ziv (+972 Magazine), Jake Godin (Bellingcat), Sofía Álvarez Jurado (FS), Walid Batrawi (FS)

Le 11octobre 2023, le photojournaliste et activiste israélien Omri Eran-Vardi arrive à Wadi al-Siq, un hameau niché à flanc de colline dans un paysage désertique cerné de pâturages et de vallons situé à l’est de Ramallah, en Cisjordanie. Il a appris que des colons israéliens menaçaient d’expulsion les quelque 200 membres de la communauté bédouine qui résidaient dans ce village.

Pour la première fois, Omri Eran-Vardi a accepté de témoigner publiquement auprès de +972 Magazine, partenaire du « Gaza Project ». Il raconte avoir commencé à prendre des photos et échanger avec les habitants. 

Ces photos partagées avec Forbidden Stories montrent l’expulsion d’un campement bédouin à Wadi al-Siq. (Crédit : Omri Eran-Vardi)

Le lendemain matin, il retourne sur les lieux après avoir passé la nuit dans une communauté palestinienne voisine. Dans l’après-midi, des colons et des soldats au visage masqué appartenant à la « Desert Frontier », une unité de l’armée constituée en grande partie de jeunes colons conscrits, connue pour sa violence envers les Palestiniens, débarquent dans le hameau. L’entreprise d’expulsion prend aussitôt une autre tournure : les soldats agissent avec brutalité, allant jusqu’à torturer et emprisonner certains activistes et habitants.

Dans une autre partie du village de Wadi al-Siq, des Palestiniens ont été détenus par des colons israéliens et des soldats. Image provenant des réseaux sociaux.

La vidéo (capture d’écran ici) et la photo des réseaux sociaux sont les rares images qui documentent les attaques de cette journée.

L’activiste et photojournaliste israélien Omri Eran-Vardi raconte avoir été poursuivi par des colons avant de réussir à les éviter une première fois le 12 octobre 2023. Photo : Omri Eran-Vardi.

Escortés par des colons, les soldats israéliens appréhendent une famille palestinienne qui tentait de s’enfuir : « Ils ont fait sortir cette famille de la voiture, puis ils ont plaqué tous les hommes – cinq je crois, dont deux jeunes garçons – au sol, visage contre terre », raconte Omri Eran-Vardi. Selon un colon, ils soutiennent le Hamas. Le photographe s’approche des soldats pour leur poser des questions. En guise de réponse, l’un d’eux le frappe au nez, raconte-t-il. L’instant d’après, Omri Eran-Vardi est menotté et son appareil photo lui est confisqué.

Il est emmené dans une maison avec deux activistes israéliens, par des personnes en uniforme. Des soldats ou des colons, il ne saurait dire. Là, les activistes subissent des menaces, puis sont relâchés. « Vous devriez nous remercier d’être encore en vie, ne revenez jamais ici », leur lance un des geôliers. « Si je vous revois, je vous tue », aurait-il ajouté.

Dans une réponse écrite à Forbidden Stories et à ses partenaires, un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré, concernant l’unité « Desert Frontier », qu’« il y a eu un certain nombre d’incidents éthiques et opérationnels sensibles dans lesquels les soldats ont agi de manière incompatible avec les valeurs de l’IDF (Israel Defense Forces, l’armée israélienne, NDLR) ». Il a ajouté que l’unité a été transférée au Commandement Nord, à la frontière d’Israël avec la Syrie et le Liban.

« Il n’y a plus de lignes rouges, que ce soit pour les colons ou pour l’armée »

Aujourd’hui, il n’y a plus personne à Wadi al-Siq. Des images transmises à Forbidden Stories par le Centre d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés B’Tselem montrent un sol jonché de débris, des panneaux solaires fracassés et des toits de tôle ondulée gisant à terre sous le soleil brûlant. Une clôture défend désormais l’accès à une école construite grâce à des fonds européens, qui a accueilli par le passé jusqu’à 120 enfants de toute la région ; à l’intérieur, tout n’est que désordre : bureaux renversés, chaises et tables éparpillées.

Les dégâts infligés à la communauté et à l’école de Wadi al-Siq pendant et après le raid. (Crédit : Sarit Michaeli/B’Tselem)

Ces images révèlent la nouvelle réalité du hameau quelques mois après le passage d’Omri Eran-Vardi, venu documenter l’expulsion. Avant que les soldats l’obligent à effacer les images de son appareil, le photographe a réussi à envoyer son reportage à des activistes, qui l’ont ensuite transmis à des journalistes, dont ceux de Forbidden Stories. Aujourd’hui, pour la première fois, certaines de ces images sont publiées, dans le cadre du « Gaza Project ».

Le « Gaza Project » est une collaboration internationale entre 13 médias ayant enquêté sur les allégations de ciblage de journalistes et poursuivi le travail de ceux qui ont été tués ou menacés à Gaza et en Cisjordanie depuis les attaques terroristes du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023.

En Cisjordanie, près d’une douzaine de journalistes, dont Omri Eran-Vardi, ont confié à Forbidden Stories qu’il est de plus en plus dangereux d’enquêter sur l’expansion des colonies israéliennes – illégales au regard du droit international –, la destruction des villages bédouins et les violences perpétrées par les colons. Wadi al-Siq est l’une des 18 localités que ces derniers ont évacuées de force depuis le début de la guerre menée par Israël à Gaza, selon B’Tselem. Entre octobre 2023 et mai 2024, l’ONU a enregistré 958 attaques de colons israéliens contre des communautés et des biens palestiniens en Cisjordanie – l’organisation en avait dénombré 790 à cette même période un an auparavant, soit une hausse de près de 20 % en un an.

Forbidden Stories et ses partenaires ont entrepris de poursuivre les enquêtes de journalistes en Cisjordanie ayant été censurés pour avoir couvert l’expansion des colonies et les attaques contre les Palestiniens. Grâce à des images satellite et des recherches en sources ouvertes, nous avons pu cartographier l’expansion des infrastructures coloniales dans ce contexte de recrudescence de violences dénoncées par les Nations unies. Notre analyse révèle une augmentation et une extension des infrastructures, à Wadi al-Siq comme dans d’autres zones où des journalistes auraient subi des menaces de la part de colons et de soldats. Les publications des colons sur les réseaux sociaux, les vidéos postées sur Youtube ainsi que les annonces de logements sur le site Airbnb montrent que les colonies s’étendent et se développent.

« Cela peut arriver de nos jours si vous voulez rendre compte de la violence accrue des colons dans les territoires occupés de la #Cisjordanie à l’ombre de la guerre à #Gaza. Beaucoup des soldats là-bas sont eux-mêmes des colons. Les journalistes ne sont généralement pas les bienvenus », a tweeté le correspondant Jan-Christoph Kitzler après que lui et son équipe de l’ARD, un réseau de radiodiffusion publique allemand, ont été menacés et détenus pendant plus d’une heure par des soldats israéliens en novembre 2023, au sud de la ville palestinienne d’Hébron.

« Depuis le 7 octobre, tout a changé en Cisjordanie », dit Issam Rimawi, photojournaliste pour l’agence de presse turque Anadolu, à Forbidden Stories. Et de commenter, à propos des violences : « Il n’y a plus de lignes rouges, que ce soit pour les colons ou pour l’armée. »

À Wadi al-Siq, la colonie continue de s’étendre

Abu Bashar, 48 ans, est né et a grandi à Wadi al-Siq. Son père et son grand-père ont été déplacés deux fois – d’abord en 1948, puis en 1967 – avant que sa famille ne s’installe dans la région. Ce bédouin éleveur de moutons est le père de quatre enfants. À Wadi al-Siq, il était aussi chef de village. « Ici, il y avait des cultures, des pâturages et des prairies », raconte-t-il à Forbidden Stories au téléphone. « Il n’y avait pas de problème. On prenait l’eau dans les puits, on semait du blé et de l’orge. Tout allait bien. »

Les élèves de l’école financée par des fonds européens à Wadi al-Siq avant l’expulsion. (Crédit : Oren Ziv/+972 Magazine)

Mais en février 2023, des colons sont arrivés, explique Abu Bashar. Ils ont parfois attaqué des membres de la communauté bédouine ainsi qu’endommagé certaines de leurs propriétés. Après le 7 octobre, ils encerclent le village. La « situation [était] infernale », poursuit Abu Bashar. Puis, le 12octobre, se souvient-il, la communauté a été sommée d’évacuer dans l’heure. On leur a dit : « Vous n’avez pas le droit d’aller dans votre maison ou de prendre votre voiture ; vous rassemblez vos enfants et vos bêtes, et vous partez à pied », raconte-t-il.

En décembre, après une enquête interne, l’armée israélienne a suspendu les opérations de l’unité « Desert Frontier » et renvoyé cinq soldats qui avaient participé à l’expulsion brutale des habitants de Wadi al-Siq. « Chaque incident sera examiné et des mesures disciplinaires importantes seront prises en fonction du cas et des décisions des commandants », a déclaré à Forbidden Stories le porte-parole des l’armée au sujet de l’avancement de l’enquête.

Malgré cela, les colons de la région ont étendu depuis leurs implantations. Après avoir analysé des images satellite fournies par l’entreprise Planet Labs, Jake Godin, chercheur et membre du collectif d’investigation en sources ouvertes Bellingcat a découvert qu’une longue route de gravier se dessine désormais au nord de Wadi al-Siq. Elle mène à plusieurs installations ressemblant à celles d’un avant-poste – une colonie non approuvée et illégale, construite sans l’autorisation officielle du gouvernement israélien. « Au fil des mois, l’avant-poste continue de s’étendre et, en comparant les images de Sentinel-2 du 4 avril avec celles du 13 juin, nous pouvons constater l’existence de nouveaux bâtiments », explique Jake Godin à Forbidden Stories.

Protégez votre travail

Vous êtes journaliste et vous êtes menacé en raison de vos enquêtes ? Sécurisez vos informations auprès de Forbidden Stories.

Ces images satellite montrent l’expansion de l’avant-poste au nord de Wadi al-Siq du 7 octobre 2023 (gauche) au 13 juin 2024 (droite). (Crédit : Jake Godin/Planet)

Selon plusieurs sources israéliennes, cet avant-poste, Havat HaMashosh, appartient à Neria Ben Pazi, un colon placé sous sanctions par le gouvernement américain depuis le mois de mars 2024. Comme l’a rapporté Haaretz en juin, Neria Ben Pazi a reçu environ 3200 $ du ministère de l’Agriculture israélien en soutien à des projets agricoles. Des habitants de Wadi al-Siq ont confié à +972 Magazine que les colons qui avaient attaqué le village venaient de la direction de sa ferme. Neria Ben Pazi n’a pas souhaité répondre aux questions de Forbidden Stories.

Pour leur part, les bédouins expulsés craignent que leurs conditions de vie ne se détériorent encore dans les mois à venir. Depuis le démantèlement du village, Abu Bashar a erré ça et là aux alentours du village de Rammun, au nord de Wadi al-Siq. Deux de ses enfants ont dû arrêter l’école et il a perdu une cinquantaine de bêtes, gardées selon lui par les colons. « La vie qu’on menait à Wadi al-Siq, c’est fini », regrette-t-il.

Des enfants à Wadi al-Siq, avant l’évacuation. (Crédit : Oren Ziv/+972 Magazine)

« On se sent tout le temps visés »

Omar Abu Awad est journaliste et directeur du bureau de Jéricho de Palestine TV, la chaîne officielle de l’Autorité palestinienne. Le 19 février dernier, lui et son équipe – le caméraman Mohammed Zghb, la journaliste Elham Hadeeb et le chauffeur Samer Abu Salman – se rendent en voiture près de Wadi al-Qelt, une région touristique située non loin de Jéricho, et prisée pour ses paysages de falaises et de collines, afin d’enquêter sur les activités des colons.

Après avoir effectué leurs premiers repérages, ils sont interceptés par un groupe d’hommes armés et équipés de protections, mais qu’ils ne parviennent pas à identifier. Colons? Soldats? Nul ne sait. Ignorant le logo « Palestine TV » inscrit sur le véhicule, les hommes armés, qui se sont révélés être des colons, préviennent l’armée israélienne, qui arrive peu après.

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Après s’être vu confisquer leurs téléphones, trois d’entre eux sont emmenés jusqu’à un centre d’interrogatoire, racontent Omar Abu Awad et ses collègues à Forbidden Stories. Ils y seront détenus pendant neuf heures sans eau ni nourriture et y auraient subi des tortures. Selon le directeur de la chaîne, des soldats l’ont forcé à marcher les yeux bandés sans l’empêcher de se cogner violemment la tête contre un mur et l’ont poussé dans des escaliers.

L’armée finit par relâcher les journalistes. Omar est ressorti extrêmement choqué de ce calvaire. « On se sent tout le temps visés », déclare-t-il. « Je me souviens qu’un jour, j’ai dit au revoir à mes enfants et à ma femme avant de partir travailler, parce qu’il ne se passe pas 24 heures sans que nous soyons arrêtés, ciblés par des tirs ou agressés par des colons. »

Dans une réponse adressée à Forbidden Stories, un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré : « En ce qui concerne les allégations de violence dans la région de Wadi al-Qelt en février dernier, les allégations ont été vérifiées et l’IDF (Israel Defense Forces, l’armée israélienne, NDLR) n’est pas au courant de tels incidents. »

Prenant le relais de Palestine TV, Forbidden Stories a enquêté sur les colons de la région de Wadi al-Qelt, dont Omar Abu Awad craint qu’elle soit désormais encore plus dangereuse pour les journalistes palestiniens. Le consortium s’est concentré sur deux colonies situées à proximité du lieu où les journalistes avaient été arrêtés : Mitzpe Yeriho et Vered Yeriho. Les images satellite montrent que dans la première, la plus importante, 19 bâtiments ont été érigés depuis 2018, selon Jake Godin.

Ces images satellite montrent l’expansion de la colonie de Mitzpe Jeriho, en Cisjordanie. (Crédit : Cartes gouvernementales d’Israël)

Selon le droit international, les colonies – des communautés approuvées par le gouvernement israélien et installées en terre palestinienne occupée depuis la guerre des Six Jours de 1967 – sont illégales. « Toutes les colonies, toutes les constructions de colonies, tout ce qui facilite ou permet le maintien d’une colonie, tout cela, sans exception, constitue un crime de guerre », déclare Tara Van Ho, maître de conférence à la faculté de droit de l’université d’Essex, au Royaume-Uni, et ancienne présidente de la Global Business and Human Rights Scholars Association.

Une autre colonie et d’autres avant-postes israéliens dans la région, avec leurs infrastructures grandissantes du 7 octobre 2023 (gauche) au 13 juin 2024 (droite). Données : Peace Now. (Crédit : Jake Godin/Planet)

Pourtant, les implantations continuent de s’étendre et, depuis octobre, des avant-postes – illégaux même selon le droit israélien – jaillissent de terre. Selon Al Jazeera, 15 nouveaux avant-postes sont apparus dans les premiers mois de la guerre menée par Israël à Gaza. Dans le cadre du Global Authentification Project, Scripps News et Bellingcat ont également identifié des douzaines de sites dans toute la Cisjordanie, avec de nouvelles routes, de nouveaux bâtiments, ou encore des terres défrichées à proximité de colonies ou avant-postes.

La maire de Mitzpe Yeriho, Aliza Pilichowski, assise sur un tracteur. (Crédit : Mizrachi)

L’expansion semble faire partie des projets à long terme de la colonie de Mitzpe Yeriho. Dans une interview diffusée le 8octobre 2023, sa maire, Aliza Pilichowski, vantait la « formidable croissance » de la localité, qui abrite notamment un centre sportif couvert, une piscine et 365 nouveaux logements destinés à accueillir de nouveaux colons au cours des trois à cinq prochaines années. La maire de Mitzpe Yeriho n’a pas répondu à nos nombreuses demandes d’entretien.

Depuis le 7 octobre, Mitzpe Yeriho a également cherché à renforcer son équipe de sécurité semi-professionnelle, que dirige le colon Yehoshua Strauss. Dans une vidéo postée sur Facebook, ses membres affirment avoir acquis des uniformes sur Amazon. « Oui, nous construisons ici une armée pour nous protéger », a ensuite déclaré leur chef. Contacté par Facebook, Yehoshua Strauss n’a pas répondu à nos messages. Dans un mail, un porte-parole d’Amazon a déclaré que l’entreprise respecte « toutes les lois et réglementations dans toutes les juridictions où nous opérons », y compris les lois sur l’exportation. « Cette vidéo suggère que ces individus n’ont acheté rien d’autre que des vêtements », a ajouté le porte-parole.

Le colon de Mitzpe Yeriho, Yehoshua Strauss, affirme avoir acheté des uniformes militaires sur Amazon. Vidéo : Facebook (en anglais)

Dans une autre vidéo, on voit des colons fêter la réception d’équipements de police envoyés par l’État américain de Virginie. Son procureur général, Jason Miyares, avait demandé en octobre 2023 aux sheriffs (la police locale, NDLR) de faire don d’équipement en Israël. « Les dons d’équipement ont été envoyés aux premiers intervenants civils (par exemple, les ambulanciers civils) et n’ont pas inclus d’armements ou d’artillerie », a écrit un porte-parole du bureau du procureur général de Virginie dans un e-mail. « Les exemples d’équipement donné incluent des fournitures de protection telles que des gilets pare-balles, des casques, des gilets de protection K9, et des protections pour les coudes/genoux. »

Des colons de Mitzpe Yeriho remercient les forces de l’ordre de Virginie dans une vidéo. Vidéo : YouTube (en anglais)

Joel Carmel, membre de l’ONG Breaking the Silence (BTS), constituée d’anciens soldats de l’armée israélienne, explique que les colonies se dotent souvent de groupes de volontaires maniant les armes et sommairement entraînés, dont le rôle est de « réagir rapidement en cas d’attaque ». Pour les habitants palestiniens, cela signifie que « la frontière qui sépare les colons des soldats est brouillée depuis longtemps », remarque-t-il. Avant d’ajouter que depuis le début de la guerre, elle « avait complètement disparu ».

L’armée israélienne est en « contact constant avec toutes les équipes de défense civile », a déclaré un porte-parole à Forbidden Stories, sans répondre précisément aux questions sur Mitzpe Yeriho.

Dans les colonies, les affaires continuent pour Booking.com et Airbnb

Pour les touristes désireux de séjourner dans les colonies en revanche, le voyage est permis. Forbidden Stories a découvert sur Airbnb au moins quatre annonces de locations situées dans ce qui semble être une nouvelle sous-division de Mitzpe Yeriho. Elles ont été postées par des employés ou des proches d’EroRentals, une agence de location de maisons de vacances basée en Floride. 

Depuis le 7octobre, l’un de ces logements, qui propose de « s’évader vers la tranquillité », a reçu des commentaires élogieux. « Je le recommande vivement à toute personne désireuse de vivre une expérience formidable, chez un hôte extraordinaire, dans un lieu magnifique offrant des vues spectaculaires sur les montagnes et la mer Morte », écrit un utilisateur. Ni Airbnb, ni EroRentals n’ont donné suite aux questions de Forbidden Stories.

L’une des annonces Airbnb dans le quartier de Mitzpe Yeriho. Photo de l’établissement : Airbnb

En mai dernier, un collectif d’ONG a rendu public leur dépôt de plainte contre le site de réservation d’hébergement en ligne Booking.com pour avoir proposé des locations dans des colonies israéliennes en Cisjordanie. Pour l’une d’elles, située à Vered Yeriho, il est précisé que « l’entrée n’est pas [autorisée] aux [détenteurs] de carte d’identité palestinienne », en application des « directives de sécurité ». Un porte-parole de Booking.com a déclaré que le logement en question était « actuellement en cours d’évaluation conformément à (leurs) politiques » , ajoutant que : « Toutes les actions nécessaires éventuelles seront prises à la suite de ce processus, qui est toujours en cours. » 

Airbnb et Booking.com figurent tous deux sur une liste de sociétés ayant « directement et indirectement permis, facilité et profité de la construction et de la croissance des colonies », selon la Mission indépendante internationale d’établissement des faits de l’ONU. Pour Tara Van Ho, ces implantations et les sociétés qui les légitiment constituent, à long terme, un risque pour la paix dans la région. « Tant que nous ne contraindrons pas Israël à démanteler les colonies et à se retirer à l’intérieur de ses frontières, nous n’obtiendrons pas la paix dans la région. »

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