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Entre quête de respectabilité internationale et persécutions systématique des opposants, le vrai visage du « Nouveau Rwanda » de Paul Kagame
Dès qu’il en a l’occasion, dans les événements internationaux ou sur internet, le Rwanda de Paul Kagame met en avant son modèle de développement et s’enorgueillit de la propreté de ses rues, de l’égalité des genres dans le pays et de son économie florissante. Mais derrière cette image rutilante œuvre dans l’ombre une armée de lobbyistes, de trolls et de barbouzes prêts à fondre sur toute manifestation d’opposition. Dans le cadre du projet « Rwanda Classified », Forbidden Stories et ses partenaires ont enquêté sur la stratégie d’influence mondiale du Rwanda.
(Visuel : Mélody Da Fonseca)
- Le Rwanda a eu recours aux services d’au moins une douzaine d’agences de relations publiques et de lobbyistes aux États-Unis et au Royaume-Uni, afin de contrôler l’image du pays en Occident.
- Team Jorge, un groupe de mercenaires d’opérations psychologiques israéliens déjà démasqué par Forbidden Stories en mai 2023, serait impliqué dans une campagne en faveur du gouvernement rwandais sur les réseaux sociaux.
- En Europe occidentale, des voix critiques du régime ont été la cible de campagnes d’intimidations et de trolling sur les réseaux sociaux.
Par Phineas Rueckert avec Karine Pfenniger et Florian Reynaud (Le Monde)
28 mai 2024
Avec la participation d’Omer Benjakob (Haaretz) et Samuel Baker Byansi (M28 Investigates)
L’avènement d’un « Nouveau Rwanda » ? En février 2024, plusieurs milliers d’hommes d’affaires, de dirigeants d’ONG et d’expatriés se pressaient au National Harbour, une luxueuse salle de conférence de l’Etat du Maryland, en face de Washington DC, pour célébrer le Rwanda Day.
Cet évènement, parfait mélange entre un gala chic et un salon international, offrait aux participants l’opportunité de se faire tirer le portrait derrière un fond aux couleurs du drapeau rwandais, d’assister à de flamboyants spectacles de danse ou encore de découvrir les nombreuses offres d’emplois proposées par Kigali.
Dans l’imposante salle de conférence du Maryland Ballroom, des entreprises telles que Norrsken Africa, Trinity Metals ou encore Entrepreneurial Solutions Partners, et des dirigeants d’ONG actives dans les domaines du sport ou de la médecine faisaient l’éloge d’un environnement propice aux affaires. Sans oublier de vanter l’atmosphère de progrès social qui règne, selon eux, au « pays des mille collines ».
Le lendemain, le Maryland Ballroom offrait sa grande scène au président rwandais Paul Kagame, venu sur les rives du fleuve Potomac pour l’occasion. Le temps d’un discours de près d’une demi-heure, le président rwandais a pris soin de lister les progrès menés par son pays depuis son accession au pouvoir. « Les Rwandais ont réparé ce qui avait été détruit, dont nos vies, et nous sommes beaucoup mieux aujourd’hui qu’il y a 30 ans », assure Paul Kagame devant un public ravi. Avant de conclure son discours, confiant : « Maintenant, nous n’avons plus qu’à continuer sur notre lancée. »
« Voici un petit pays [...] capable de s’en prendre à ses dissidents et à ses opposants à l’étranger avec un niveau de précision et une coordination logistique assez remarquables. »
Ce discours de clôture s’inscrit dans la volonté de donner une image idyllique du « Nouveau Rwanda », né dans les années qui ont suivi le génocide de 1994, ayant coûté la vie à 800 000 civils issus en majorité de la minorité tutsi. Depuis le début du règne Paul Kagame, à la tête du pays depuis 24 ans, le Rwanda s’est démené renvoyer une image positive et progressiste au reste du monde : grâce à une presse internationale enthousiaste, nous savons que les rues de Kigali sont « zéro plastique », qu’une majorité de femmes siège au Parlement et que les réfugiés sont plus que bienvenus.
Le Rwanda Development Board, un rouage essentiel de la stratégie d’influence internationale
Une fois le Rwanda Day terminée, un détour par la page d’accueil du site Visit Rwanda, véritable vitrine du pays à l’internationale, s’impose. En haut de page, une vidéo diffuse des images de forêts tropicales luxuriantes, de villes modernes et de femmes souriantes : autant d’incitations à se rendre au « pays des mille collines ».
Géré par le Rwanda Development Board (RDB), l’agence gouvernementale chargée d’attirer les investissements étrangers dans le pays, le site fait partie d’une campagne de marketing mondiale. « Visit Rwanda » est floqué sur les maillots des équipes européennes de football et s’affiche sur les bannières latérales pendant les matchs de la Ligue africaine de basketball, financée par la NBA. En décembre dernier, le RDB s’est associé à une série de concerts organisés à Kigali, où s’est produit la superstar du rap Kendrick Lamar, ainsi qu’à la course cycliste du Tour du Rwanda.
Mais sous le vernis du progrès se cache une vérité moins avouable. Alors que le Rwanda déroule volontiers le tapis rouge aux célébrités et aux entreprises, ceux qui osent critiquer le régime s’exposent à des campagnes de trolling, des attaques de logiciels espions, voire même à des actes physiques d’intimidation. Dans le cadre du projet « Rwanda Classified », Forbidden Stories a collaboré avec 50 journalistes de 17 médias dans 11 pays pour révéler les rouages de cette stratégie d’influence aux ramifications qui s’étendent jusqu’en Europe et en Amérique du Nord, où se croisent plus d’une douzaine d’agences de relations publiques, des lobbyistes américains et, possiblement, un groupe d’opérations psychologiques israélien.
« Voici un petit pays – aux ressources relativement faibles – apparemment capable de s’en prendre à ses dissidents et ses opposants à l’étranger avec un niveau de précision et une coordination logistique assez remarquables », constate Alexander Dukalskis, professeur à l’Institut de politique et de relations internationales de l’University College de Dublin et auteur d’un ouvrage sur les régimes autoritaires.
« Il y a un harcèlement permanent [...]. C’est organisé, c’est systématique, et cela vient du régime lui-même. »
Michela Wrong connaît bien les méthodes du Rwanda lorsqu’il s’agit de discréditer ses détracteurs. La journaliste d’investigation, qui a travaillé avec Forbidden Stories dans le cadre du projet « Rwanda Classified » est l’autrice de Do Not Disturb , une enquête sur le Front patriotique rwandais (FPR), le parti de Paul Kagame. Depuis la sortie de son livre, elle ne compte plus les attaques de trolls dès qu’elle rédige un tweet ou fait une conférence sur le Rwanda. « Il y a un harcèlement permanent qui vient de Kigali, et ce n’est pas innocent, ce ne sont pas des citoyens ordinaires », alerte Michela Wrong dans une interview pour la RTBF, partenaire de Forbidden Stories. « C’est organisé, c’est systématique, et cela vient du régime lui-même. »
Aux signalements massifs visant à faire supprimer ses comptes sur les réseaux sociaux s’ajoutent les intimidations dont elle est victime avant chaque prise de parole publique, partout dans le monde. L’an dernier, à Bruxelles, une avalanche de coups de fil et de SMS, couplée à la visite d’individus malveillants devant le restaurant où devait se tenir un débat politique en sa présence a poussé les organisateurs à annuler l’événement, qui sera finalement déplacé dans un autre lieu à la dernière minute. Plus récemment, en mai, Michela Wrong s’est rendue en Nouvelle-Zélande pour le lancement de son livre, où elle a de nouveau été inondée de tweets l’accusant de racisme et de parti-pris avec le hashtag #RacismIsWrong.
« C’est un phénomène d’envergure mondiale », estime Michella Wrong. « Je n’en revenais pas qu’ils m’aient poursuivie jusque là. »
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Après avoir eu accès à une note anonyme d’une source au sein d’un service de renseignement, Michela Wrong a appris que la cybercampagne qui la visait avait mené les enquêteurs jusqu’à Chelgate, une agence de relations publiques basée au Royaume-Uni et connue pour ses services de gestion de la réputation. Selon elle et d’autres journalistes, une équipe d’employés de Chelgate a participé à son harcèlement sur les réseaux sociaux, en rédigeant au moins un commentaire sur la page Amazon de son livre et en signant une pétition Change.org, entre 2021 et 2022.
Interrogé sur le rôle qu’aurait joué sa société dans la cybercampagne menée contre Michela Wrong, le président de Chelgate, Terence Fane-Saunders, nous a répondu que, bien que l’agence ne soit pas en mesure de commenter les activités qu’elle mène pour ses clients, il pouvait « déclarer de manière catégorique que [Chelgate] n’a jamais créé de sites de réseau social – anonyme ou non – visant à diffamer Michela Wrong ou toute autre personne ». Et d’ajouter que Chelgate n’avait entrepris aucune activité au nom du Rwanda au cours des deux dernières années civiles.
Mais en poursuivant cette enquête, Forbidden Stories a découvert que dans certains cas, les employés de Chelgate auraient bénéficié d’avantages pour leur participation aux cybercampagnes présumées de l’agence. En 2021, le Rwanda a invité cinq salariés de Chelgate à la COP26 à Glasgow. À ce jour, un ancien employé de Chelgate, Harry James Burns, correspond avec une adresse électronique provenant du Cabinet du gouvernement rwandais. « Toute relation pouvant exister entre Harry Burns et le gouvernement du Rwanda est un sujet qu’il appartient à M. Burns ou à ce gouvernement de confirmer ou d’infirmer », a déclaré Terence Fane-Saunders.
50 000 dollars par mois pour « réfuter » l’image d’un Rwanda « défaillant »
En plus de Chelgate, une petite armée d’agences de relations publiques et de sociétés de marketing travaillent au service du Rwanda afin de promouvoir son image à l’international, comme en témoigne les dossiers du Foreign Agents Registration Act (FARA), qui oblige les agents représentant les intérêts de puissances étrangères sur le sol américain à se déclarer auprès des autorités. Ces documents, accessibles au public, révèlent les efforts constants et les moyens conséquents mis en œuvre pour contrôler l’image du régime rwandais à l’international.
L’une de ces lobbyistes, Michelle Martin, a été embauchée pour « cartographier les réseaux transnationaux » des exilés rwandais et « présenter ses conclusions et analyses lors de conférences au niveau mondial », si l’on en croit son dossier. Par la suite, le Rwanda l’a appelée à la barre des témoins dans le procès intenté contre Paul Rusesabagina, l’ancien directeur de l’Hôtel des Mille Collines, qui a sauvé la vie de quelque 1 200 Tutsis lors du génocide, devenu opposant au régime. Au tribunal, Michelle Martin a présenté des emails provenant de la fondation de M. Rusesabagina et les a utilisés pour monter un dossier contre lui. Une autre agence, W2 Group Inc, était payée 50 000 dollars par mois pour « réfuter » l’image d’un Rwanda « défaillant », dénoncée pardes ONG comme Human Rights Watch, qui a critiqué la répression menée par le régime de Paul Kagameà travers le monde.
Forbidden Stories n’a pas réussi à joindre Michelle Martin, en congé maladie à l’heure où nous publions ces lignes. Quant à l’email envoyé à W2 Group, il nous a été retourné. Mais Larry Weber, son PDG, avait affirmé à Human Rights Watch que « sa société n’avait pas été chargée de démentir certaines critiques, mais s’était vu confier des compétences élargies pour augmenter la couverture médiatique positive afin de contrer la presse négative et les critiques issues de la diaspora ».
« Le Trolling crée un sentiment permanent de terreur. Le but est de vous rendre parano et, ainsi, de vous réduire au silence. »
« Le Rwanda souhaite maintenir son image de puissance de développement », explique Grady Vaughan, chercheur au sein de l’ONG Freedom House. « Or, ce n’est pas évident à faire quand beaucoup de gens ont fui le pays à cause des persécutions qu’ils ont subie ou d’autres problèmes avec le gouvernement. »
En 2023, des opposants présumés au gouvernement rwandais ont été tagués dans des tweets dont ils étaient la cible. Parmi eux figuraient Inkingi Placide Kayumba, dirigeant de la FDU, une coalition de groupes d’opposition rwandais en exil, deux experts européens du Rwanda et des membres de Jambo News, un média basé en Belgique opéré par des éxilés Rwandais depuis la Belgique. Nombre d’entre eux, dont Placide Kayumba, Charles Onana, qui a écrit sur le Rwanda, et Jambo News ont été accusés de négation du génocide (des plaintes pour négationnisme ont été déposées en France contre Charles Onana). Des accusations reprises par les trolls sur les réseaux sociaux, de manière à discréditer ces opposants exilés.
On reste en contact ?
En mai 2023, un petit nombre d’utilisateurs de X (ex-Twitter) se sont mis à poster le hashtag #StopTutsiGenocideDenial. « N’oublions jamais que des associations comme @jamboasbl, dirigées par des gens comme [Natacha Abingeneye, affiliée à Jambo ASBL] et [Placide Kayumba] nient toujours les horreurs qu’a vécu le #Rwanda en 1994 », peut-on lire dans le post d’Adam Kovacs, dont la photo de profil montre un homme blanc, barbu et torse nu affublé de lunettes de soleil rectangulaires. « Comment pouvez-vous regarder vos enfants en face ?!?!?!!? »
« Le #Génocide du #Rwanda ne doit jamais tomber dans l’oubli. Plus de 500k morts et aucun pays n’est intervenu. Demandez-vous pourquoi ? La réponse est : tout le monde s’en fichait », affichait un compte premium au nom de John Babikian. Deux nouveaux titres – European Business Review et Vents Magazine – ont publié des articles sur la campagne du hashtag, citant, entre autres experts, « l’avocat diplômé de Harvard d’ascendance tutsi » John Babikian.
Captures d’écran du hashtag #StopTutsiGenocideDenial.
L’ombre de Team Jorge
Alors que ce mouvement pouvait sembler spontané, l’analyse de ces posts par Forbidden Stories et ses partenaires a permis de démontrer qu’il n’en était rien. Les actifs numériques utilisés pour bâtir la campagne, dont les sites de publication payante et les comptes bot comme celui de Kovacs, se recoupent avec ceux de Team Jorge, un groupe d’opérations psychologiques israélien connu pour ses opérations d’ingérence dans les élections à l’étranger.
Forbidden Stories a révélé l’existence de Jorge, le pseudonyme de l’ex-officier du renseignement israélien Tal Hanan, en 2023, dans le cadre du projet « Story Killers », une enquête au niveau mondial sur les mercenaires de la désinformation. Toutefois, aucun lien entre le Rwanda et Team Jorge n’était jusqu’ici soupçonné.
De nombreuses similarités entre la campagne du Rwanda et les précédents agissements de Team Jorge laissent penser que celui-ci est impliqué.
European Business Review et Vents Magazine – des sites de publication payante dont les contenus sont écrits par des ghostwriters et des marketeurs – figuraient tous deux dans de précédentes campagnes orchestrées par Team Jorge – tout comme le blog bloggersdelight.dk qui, en mai 2023, hébergeait un post sur la campagne du hashtag #StopTutsiGenocideDenial.
Le compte se presentant comme John Babikian, un promoteur d’un système de scalping d’actions dont les comptes bancaires ont été gelés par la SEC (Securities and Exchange Commission) américaine en 2014, semble aussi être lié à Team Jorge. Une campagne de 2022 menée par Team Jorge s’était déjà servie du site cité dans la bio Twitter de John Babikian.
Bien que nous n’ayons pas pu identifier de bots déjà utilisés par Team Jorge dans la campagne menée par le gouvernement rwandais, plusieurs comptes possédaient les mêmes caractéristiques que des comptes connus du groupe, comme des modèles de tweets et des noms de famille.
Tal Hanan n’a pas répondu à nos nombreuses demandes d’interview envoyées par email et SMS.
Isräel, le Bayern Munich et Nicolas Sarkozy, amis de Kigali
L’étroit partenariat noué entre le Rwanda et Israël remonte au moins à 2016, date de la visite du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à Kigali. Comme l’ont révélé Forbidden Stories et ses partenaires dans le cadre du « Projet Pegasus » en 2021, le Rwanda a utilisé le logiciel espion Pegasus, développé par la société israélienne NSO pour traquer les dissidents à l’intérieur du pays commet à l’étranger.
Certains pays européens ont également noué d’étroites relations d’affaires avec le Rwanda. L’Allemagne a promis 180 millions d’euros d’aide au développement, échelonnés entre 2020 et 2024. Le Rwanda, de son côté, sponsorise le club de football FC Bayern Munich, dont le RDB est un « partenaire platine » jusqu’en 2028.
Dans le cadre de ce contrat de sponsoring, les partenaires allemands de Forbidden Stories, Paper Trail Media, ont identifié une Rwandaise, Chantal M., qui dit avoir organisé l’accord de partenariat commercial entre le RDB et le FC Bayern Munich. Sa piste nous a menés jusqu’en Bavière, où elle vit. D’après nos recherches, elle a été, au moins pendant plusieurs années jusqu’en 2019, la petite amie du célèbre manager sportif allemand Stefan Schaffelhuber. Ils ont été ou sont également associés. Selon les derniers extraits de registres commerciaux accessibles au public, Chantal M. possède 20 pour cent des parts de la société de consulting de M. Schaffelhuber.
Contacté, le FC Bayern Munich n’a pas souhaité répondre aux questions portant sur cet accord de partenariat commercial avec le RDB ni sur l’implication supposée de Chantal M. « Le FC Bayern a conclu un contrat, ce qui est une pratique courante dans le football européen, avec un organisme de tourisme pour de la publicité dans son propre stade – en l’occurrence avec le RDB, en charge du tourisme », a déclaré un porte-parole du club, avant d’ajouter que l’organisation « fait confiance aux évaluations fondamentales du Rwanda par l’Union européenne ».
En matière de réchauffement des relations avec le Rwanda, la France n’est pas en reste. En 2018, le président Nicolas Sarkozy rencontrait celui qui était alors le président du RDB à Kigali. La même année, il est vu en compagnie du président Kagame lors de la Coupe du Monde en Russie. Et en 2021, il a, dit-on, joué un rôle dans le rapprochement entre Kigali et Paris sous la présidence d’Emmanuel Macron.
Mais pour ceux qui critiquent le pays, comme Carlos Martens Bilongo, député de La France insoumise (LFI) et président du groupe d’amitié France-République Démocratique du Congo à l’Assemblée nationale, la situation est différente. Selon ses déclarations à Radio-France, partenaire de Forbidden Stories, M. Bilongo affirme avoir été mis en garde à plusieurs reprises concernant ses prises de position sur le bilan du Rwanda en matière de droits humains, notamment par des ambassadeurs. « Souvent, ils disent : “Un de mes amis rwandais m’a confié qu’ils n’appréciaient pas votre opinion” ou “Ils sont en train de parler de vous à l’instant même” », raconte-t-il. « Ce sont souvent des petites menaces de ce genre. »
Ni le gouvernement rwandais ni le RDB n’ont souhaité répondre aux questions concernant le bilan du pays en matière des droits de l’homme.
Pour Michela Wrong, l’autrice de Do Not Disturb, les impacts psychologiques de son ciblage ont laissé des traces. Souvent, elle se réveille la nuit en criant après avoir fait un cauchemar où des agents rwandais s’introduisent chez elle. Et s’inquiète pour ses amis et sa famille lorsqu’ils voyagent au Rwanda.
« Cela crée un sentiment permanent de terreur », confie-t-elle à propos du trolling dont elle a été la cible. « Le but est de vous rendre parano et, ainsi, de vous réduire au silence. »