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Hicham Mansouri

Maroc

Surveillance

Le téléphone d’Hicham Mansouri a été infecté à une vingtaine de reprises via le logiciel espion Pegasus, entre février et avril 2021. L’analyse du Security Lab d’Amnesty International, en partenariat avec le consortium Forbidden Stories, a permis de confirmer que l’attaque avait probablement exploité une vulnérabilité d’iMessage (iPhone) connue pour avoir été utilisée par des clients de NSO au moment du ciblage d’Hicham Mansouri.

Qui est-il ?

Hicham Mansouri est un journaliste d’investigation et ancien membre de l’Association Marocaine pour le Journalisme d’Investigation (AMJI). Hicham Mansouri a commencé sa carrière en écrivant pour un blog politique satirique, avant de s’orienter vers l’enquête.

Il est l’un des cofondateurs d’AMJI en 2011. L’association est officiellement lancée deux jours après le début du Printemps arabe au Maroc, et est financée par International Media Support, une organisation basée au Danemark. AMJI, qui n’a jamais été officiellement reconnue par les autorités marocaines, forme alors les journalistes débutants aux techniques du journalisme d’investigation. Beaucoup des journalistes ayant pris part à ce projet ont été ciblés par le gouvernement, à l’image de Maria Moukrim et Maati Monjib entre autres. Hicham Mansouri a déclaré que l’organisation était constamment sous attaque : selon lui, AMJI a été infiltrée par des policiers en civil ; des documents volés ; et, à un moment donné, la page d’accueil du site de l’organisation a été piratée et remplacée par un site pornographique.

Il a lui-même été ciblé par une campagne judiciaire, dont les défenseurs des droits humains pensent qu’elle visait à l’empêcher d’enquêter de manière critique sur le gouvernement. En 2015, le journaliste est condamné à dix mois de prison pour adultère, après que des agents armées sont rentrés par effraction dans son domicile et l’ont trouvé avec une femme non mariée. Il est entièrement déshabillé et arrêté. A ce moment-là, Hicham Mansouri enquête sur la surveillance électronique au Maroc et vient de recevoir d’importants documents liés à cette histoire. Lorsqu’il est libéré de prison, les documents ont disparu, affirme-t-il à Forbidden Stories.

Le reporter continue ensuite à enseigner à des journalistes citoyens comment utiliser des smartphones pour enquêter – cette fois-ci avec le programme intitulé StoryMaker qui a été fondé par trois organisations internationales : Free Press Unlimited (FPU), le Guardian Project et Small World News. En juin 2016, Hicham Mansouri et six autres journalistes et activistes de ce projet sont accusés de « menacer la sécurité intérieure de l’Etat » en ayant organisé ce programme. La même année, le journaliste fuit le Maroc pour la France, où il alimente désormais un blog sur la liberté de la presse pour le site français Mediapart, et écrit aussi pour d’autres médias tels qu’Orient XXI.

Il travaille actuellement sur un livre portant sur le trafic de drogue dans les prisons marocaines, qu’il a entamé lors de sa détention. « S’ils ont votre téléphone, ils ont tout : ce que vous aimez, ce que vous n’aimez pas », explique-t-il. « Nous avons tous des contradictions. Ils cherchent vos faiblesses, puis ils vous diffament. »

Son travail

« The Moroccan state has gradually become a police state (interview) » Mediapart - Blog (2019)

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« Cette « stratégie sexuelle » qui lamine les journalistes » Orient XXI (2020)

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Réponse

Les autorités marocaines ont répondu à Forbidden Stories qu’il n’existait pas de preuve qu’elles étaient clientes de l’entreprise NSO. L’entreprise NSO n’a pas répondu aux questions de Forbidden Stories concernant des attaques spécifiques mais a déclaré qu’elle « continuerait à enquêter sur toutes les allégations crédibles d’utilisation abusive et prendrait les mesures appropriées en fonction des résultats de ces enquêtes ».